Atelier: Ecologie profonde et écosophie – penser dehors avec Arne Næss

Atelier de philosophie en ligne.

4 rencontres, entre le 19 avril et le 28 juin 2021 (Infos pratiques ci-dessous)

Une vie riche avec des moyens simples

«slogan» de l’écologie profonde, selon Arne Næss

Un appel à «une révolution complète de notre rapport à la nature et au vivant» (signé par des personnalités comme Nicolas Hulot, le secrétaire général des Nations Unies, ou encore le président du GIEC) a été publié dans le quotidien Le Monde, le 23 mars 2021. Cet appel se réfère notamment aux «Objectifs du développement durable» de l’ONU. La présentation du 15ème objectif, intitulé «Vie terrestre» commence par ces mots : «La nature est indispensable à notre survie : elle nous fournit de l’oxygène, régule nos conditions météorologiques, pollinise nos cultures, produit de quoi nous nourrir et nous vêtir.» Qu’on puisse écrire que «la nature pollinise nos cultures» laisse songeur – et donne une idée de la confusion qui règne sur ces questions.

Après des rencontres qui ont jalonné l’hiver autour du travail de Baptiste Morizot, ce nouvel «atelier de philosophie» propose de poursuivre l’exploration, et si possible la clarification, ensemble, des questions et des concepts pouvant contribuer à «une révolution complète de notre rapport à la nature et au vivant».

Il y a aujourd’hui de nombreux penseurs qui élaborent de nouvelles cartes, qui rendent possibles d’autres représentations de nous-mêmes et du monde. Ces travaux, même s’ils semblent bénéficier, du moins pour certains d’entre eux, d’une certaine audience, restent trop souvent difficiles d’accès. C’est la raison d’être de ces ateliers : rendre cet accès possible au plus grand nombre de celles et ceux qui voudraient s’y engager.

Il s’agit de contribuer à ce que Morizot appelle la «bataille culturelle» en cours. Mettre du jeu dans les évidences qui entravent notre pensées, pour s’avancer dans l’espace aventureux d’un «je ne sais pas». Et dans cet espace ouvert, pouvoir expérimenter et apprendre d’autres manières de penser, éventuellement mieux ajustées à ce que le monde requiert de nous aujourd’hui.

Une des normes fondamentales de l’écosophie que j’ai élaborée peut être formulée en une simple expression: «Réalisation de soi»

Arne Næss

Cette fois, nous partirons des travaux d’Arne Næss (1912-2009), le philosophe norvégien qui a introduit la notion d’«écologie profonde», et dont l’œuvre, riche et originale, est de plus en plus présente dans le monde francophone. Næss caractérise l’«écologie profonde» par le fait de «penser et de sentir que tous les êtres vivants ont une valeur intrinsèque, c’est-à-dire indépendante de la valeur d’usage qu’ils pourraient avoir pour les humains, et de justifier cela à la fois logiquement et en invoquant des sentiments» – par opposition à l’«écologie superficielle», centrée sur la satisfaction des besoins humains, qui vise la protection de l’«environnement» et considère le reste du vivant comme des ressources (et juge, par exemple, que «la nature pollinise nos cultures»!!).

L’écologie profonde ne part donc pas de considérations pragmatiques, ni ne se limite à de telles considérations (qui envisagent l’écologie notamment sous l’angle des solutions technologiques) : elle s’enracine dans des convictions philosophiques ou spirituelles, et dans les sentiments. En lien donc avec ce que Næss appelle «écosophie» : «L’écosophie porte ainsi sur la sagesse considérée dans sa relation avec le fondement de la vie sur Terre. L’écologie scientifique ne dit pas ce que nous devons, devrions ou sommes tenus de faire. […] elle ne nous dit pas que la planète, telle qu’elle est, est merveilleuse.» L’écosophie est ainsi définie comme «une philosophie de l’harmonie ou de l’équilibre écologique. Une philosophie, en tant que genre de sophia-sagesse, est ouvertement normative, elle contient à la fois des normes, des règles, des postulats, des proclamations exprimant un système de valeurs prioritaires et des hypothèses au sujet de la situation de fait de notre univers. La sagesse se traduit en une politique et des prescriptions qui s’en inspirent, et non pas seulement en une description scientifique et en prédictions.»

Déroulement de l’atelier

Concrètement et pratiquement, l’atelier se composera de 2 «modules», constitués à chaque fois de deux rencontres, en ligne.

Ouvert à toutes et tous, aucun préalable n’est requis.

La première rencontre de chaque module, pour l’essentiel sous forme d’exposé (avec de l’espace pour des questions), fournira des éléments d’introduction (problématique, concepts, thèses). Le but est de permettre une lecture autonome de textes, qui seront à chaque fois proposés (et éventuellement accompagnés de documents vidéo), avec une méthodologie simple et efficace, soucieuse d’« émancipation intellectuelle ». Cet atelier ne se veut pas le lieu où se déploie la parole d’un enseignant qui explique, mais un espace où chacun est invité à faire librement l’expérience de la puissance de son intelligence. Le but de la lecture n’est donc pas tant de «comprendre ce que l’auteur a voulu dire» que de prêter attention à la différence que la lecture produit chez le lecteur qui s’y engage avec l’intention de faire place précisément à une différence – mettre du jeu dans la pensée, décoloniser.

«Penser ensemble», selon l’expression d’une participante au précédent atelier.

La seconde séance, en laissant le temps de la lecture individuelle, sera constituée des apports des participants, à partir de leur lecture individuelle. Le nombre de participants sera limité à 15 – si nécessaire, il y aura plusieurs groupes, à des moments différents. Il sera possible, en cas d’empêchement d’assister à la première rencontre du module, d’accéder à un «replay».


Informations pratiques

Dates et thèmes:

19 avril et 10 mai: Ecologie profonde et écosophie: concepts et points de repères – Arne Næss

31 mai et 28 juin: Ecologie profonde et écosophie: prolongements – Arne Næss et d’autres

Nous proposons enfin, avec Carine Roth, du 14 au 16 juillet, une expérience de trois jours dans la nature, avec 24 heures de jeûne en solo – une immersion puissante dans l’écologie profonde vécue. (Merci de me signaler, en vous inscrivant, si cette proposition vous intéresse. Elle n’est pas comprise dans la participation à l’atelier).

Horaire : 18 h. 30 – 20 h.

Prix :

Le prix est proposé sur une échelle, pour s’adapter aux possibilités de chacun.e. Pour l’ensemble (4 séances de 90 min.) : échelle entre 80.- et 150.-

(Virement bancaire, Paypal ou Twint)

Informations et inscription: philo@guidoalb.ch

Pour se faire une idée de comment je conçois et pratique ces ateliers: