Séances individuelles

Cette démarche ne nécessite aucune connaissance préalable en philosophie. Elle est accessible à chacun. La seule chose qui est requise, c’est le désir de penser, c’est-à-dire de s’interroger, de « se remettre en question », de « faire un travail critique » sur ses opinions, sur ce qui paraît évident.

La séance (et elle peut très bien être unique!) prend comme point de départ une question « philosophique », c’est -à-dire avec une portée universelle, qui se distingue donc de l’expression singulière d’un malaise ou d’une souffrance individuelle. Mais il ne s’agit pas pour autant de traiter cette question comme un jeu de l’esprit : c’est une question sur laquelle le « consultant » souhaite travailler – ou un problème qui « le travaille ». Une problématique avec laquelle il entretient un rapport individuel, tout en lui donnant une expression universelle.

Il existe toute une tradition de la philosophie comme thérapie : « Il est vide le discours de philosophie qui ne soigne aucune affection humaine. De même qu’une médecine qui ne chasse pas les maladies du corps n’est d’aucune utilité, de même aussi, une philosophie, si elle ne chasse pas l’affsction de l’âme. » (Epicure). C’est un chemin classique qu’il est possible de suivre, les doctrines philosophiques pouvant fournir de quoi apporter un peu de clarté et de paix dans un esprit torturé par des questions. Et un accompagnement philosophique peut aussi guider celui qui se sent un peu perdu sur les sentiers infinis du questionnement, en lui fournissant quelques « outils » qui permettent d’esquisser des réponses, et donc de trouver un apaisement.

Mais il existe également un autre point de vue qui considérerait plutôt la philosophie elle-même comme une sorte de maladie. Cette perspective nous engage dans un travail différent, qui sera plutôt un travail sur notre rapport à nos questions, visant à dénouer cette tension de l’esprit qui ne nous laisse pas tranquille. C’est la voie que j’entends privilégier ici – parce qu’elle me paraît plus profondément libératrice. Il s’agit ici, en quelque sorte, d’entrer dans l’ouverture de la question en examinant, pour la suspendre, l’exigence de réponse. Trouver la tranquillité au coeur même de l’inquiétude de la question, pour finir par éprouver le questionnement comme le lieu de notre humanité, de notre vulnérabilité, de notre liberté – et par là du pouvoir regagné sur mous-mêmes. L’expérience d’abord angoissante de l’interrogation s’ouvre alors sur la joie de penser, ou plus simplement d’exister.

Le questionnement ne conduit pas à des « réponses » mais à un changement dans lequel l’esprit trouve la paix, par une transformation de notre rapport à la question – c’est-à-dire un changement dans notre manière de vivre.

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La solution du problème que tu vois dans la vie, c’est une manière de vivre qui fasse disparaître le problème. Que la vie soit problématique, cela veut dire que ta vie ne s’accorde pas à la forme du vivre. Il faut alors que tu changes ta vie, et si elle s’accorde à une telle forme, ce qui fait problème disparaîtra. Mais n’avons-nous pas le sentiment que celui qui ne voit pas là de problème est aveugle à quelque chose d’important ? Voire à ce qu’il y a de plus important ? Ne suis-je pas tenté de dire qu’il vit sans but – et justement « aveuglément », un peu comme une taupe, et que si seulement il pouvait voir, alors il verrait le problème ? Ou ne dois-je pas dire que celui qui vit bien ne ressent pas le problème comme quelque chose d’affligeant, et donc non plus comme problématique, mais plutôt comme une joie – quelque chose de semblable à un éther lumineux autour de sa vie, et non à un arrière-plan douteux ? (Ludwig Wittgenstein)